Juillet 2022
Mars 2016
Depuis l’identification précise en 1992 de l’anomalie du gène DMPK qui est à l’origine de la maladie, la recherche a permis
de mieux comprendre les mécanismes générant les symptômes. Les deux mécanismes les plus importants (mais probablement pas les seuls) désormais identifiés sont, d’une part
l’accumulation d’ARNm anormaux « toxiques » (les ARNm du gène DMPK muté ayant un nombre anormal de répétitions CTG) dans le
noyau de la cellule (formation «d’agrégats »), et, d’autre part, les instabilités de la partie mutée du gène portant les triplets CTG, dont le nombre a tendance à s’accroître, soit
spontanément, soit au moment de la formation de nouvelles cellules (notamment sexuelles). Pour plus de détails sur les mécanismes perturbateurs, voir la section "Definition de la DM1".
La stratégie consiste à agir le plus en amont possible : ADN / ARN / protéines, pour freiner / corriger / améliorer les symptômes.
Sachant qu’intervenir directement sur l’ADN est difficile et dangereux, les principales pistes explorées actuellement visent d’une part, à corriger ou détruire les ARN anormaux et à éradiquer les agrégats ou leurs effets nocifs (empêcher leur formation, les détruire, empêcher la séquestration des précurseurs d’autres protéines, restaurer l’épissage, etc.), et, d'autre part, à réduire les instabilités par des approches médicamenteuses.
Toutes ces approches font l’objet de tests réussis in vitro (sur des cellules malades en culture) et sur des modèles animaux (mouche, poisson, souris). Cependant, une des difficultés dans les approches de thérapie génique réside toujours dans la façon de faire pénétrer massivement les « outils » de thérapie génique dans toutes les cellules (et leurs noyaux) du corps.
Ces pistes sont néanmoins prometteuses et constituent une première lueur d’espoir vers des traitements autres que symptomatiques.
Plus de 100 laboratoires dans le monde travaillent sur le sujet, notamment sur :
- La destruction ou la correction des ARNm défectueux par des ARN médicament se « collant » sur l’ARN trop long, "coupant" les répétitions ou provoquant sa destruction (vecteurs viraux, oligonucléotides antisens, « minigènes » artificiels) :
* IONIS Pharma = nouveau nom de ISIS Pharma
- La destruction des agrégats anormaux par des médicaments utilisant des molécules existantes pour d’autres indications, ou la suppression des perturbations qu'ils provoquent sur certaines molécules régulatrices de la « boite à outil » d’épissage, notamment en modulant l’expression de certaines d’entre elles (par exemple augmentation « MBNL1 », diminution « CUGBP1 »), soit par « chirurgie du gène » par AAV et oligonucléotides antisens, soit par approche pharmaceutique utilisant des molécules existantes sélectionnées par « criblage » (recherche automatisée à haut débit de molécules pharmaceutiques qui ont un effet sur des cellules malades) :
- Autres pistes au stade initial de la recherche :
· L’utilisation de certaines TALENs (nucléases effectrices de type activateur de transcription) a permis de provoquer des contractions significatives de répétitions sur l’ADN muté dans des modèles de levures.
· L’activité de CUGBP1 est régulée, entre autres, par la kinase GSK3beta. Dans les formes adultes de la DM1, le taux de GSK3 est anormalement élevé, ce qui réprime l’expression de CUGBP1. Il est encore plus élevé dans la forme congénitale, ce qui pourrait provoquer l’ensemble des désordres constatés dans cette forme. Des traitements par des inhibiteurs de GSK3Beta pourraient être envisagés.
· Bien que des troubles du cervelet ne soient pas typiquement associés à la DM1, une accumulation anormale de foci est observée dans les astrocytes « glies de Bergmann », ce qui provoque une mauvaise recapture du glutamate par ces cellules, entraînant entre autres une mauvaise coordination motrice. Une stratégie d’approche pharmacologique de manipulation de la recapture du glutamate glial pourrait ainsi être envisagée.
· Dans le cas de la DM2 des études sont en cours pour utiliser la cellule malade elle-même comme outil génétique (synthétiser en interne les oligoéléments de poids élevé nécessaires au traitement des ARN défectueux).
· De nouvelles techniques d’ingénierie moléculaire permettraient de cibler et d’exciser très précisément les répétitions CTG sur l’ADN lui-même. Des biologistes ont notamment développé un « outil moléculaire » capable de « ciseler » à la demande l’ADN de n’importe quelle cellule. Ce système enzymatique, appelé « CRISPR-Cas9 », est dérivé d’un système de défense immunitaire bactérien.
· Enfin, il est à noter que certaines études tendent à montrer qu’une monothérapie fondée sur des oligoéléments antisens ne sera pas suffisante, et qu’un « cocktail » de traitements sera nécessaire.
- Outre ces avancées dans le domaine du traitement de l’origine de la maladie, des actions sont en cours pour toujours mieux comprendre les caractéristiques de la maladie, son évolution et améliorer le suivi et la prise en charge des malades (pour les prises en charge actuelles, se reporter aux rubriques traitant des symptômes).
Sur ces points, les avancées portent sur :